de León à San Martin del Camino (54e jour)

Je crois que le gîte de León est, de loin, le pire que nous ayons fréquenté: matelas peu épais sur une planche qui repose elle même sur l’ancien sommier métallique… ça grince incroyablement, et comme nous étions 80 dans le dortoir, qu’il était très mal ventilé… ceux qui dormaient ronflaient et les autres se tournaient et se retournaient pour essayer de trouver le sommeil dans cette chaleur aux odeurs indéfinissables.

Le gîte d’aujourd’hui, lui, donne dans le luxe: chambres à 2 ou 3 lits avec draps pour 6€ par personne, bons matelats, petit déjeuner à l’heure qu’on veut… On va pouvoir vraiment se reposer.

Il fait nuit quand nous quittons le gîte et nous retrouvons Charly au point de rendez-vous fixé, car il ne dormait pas dans le même refuge.

Le Chemin suit assez longtemps la N 120 qui est très chargée. De plus elle est toute droite et le paysage est celui que nous connaissons bien maintenant : la Meseta toute plate. Cette région se nomme le Paramo, c’était auparavant une région désertique ; ça ne l’est plus du point de vue des cultures, ça le reste un peu quant à la population.

François soigne ses propres ampoules et celles de Jean-Paul. C’est pratique d’avoir un infirmier comme compagnon de route. L’après-midi nous trouvons une balance Roberval chez un commerçant. C’est l’occasion de nous peser. J’ai perdu 5 kg habillé sur mon poids nu. J’ai donc sans doute perdu entre 6 ou 7 kg.

Excellente ambiance au dîner, par ailleurs très copieux. Nous sommes à la table de Pedro, Ana et Antonio, Alain et Jean-Paul. Il y a aussi un couple de québécois que nous ne connaissions pas.

Je repense au message de Marie-Pascale: « Il fait chaud dans le désert vers la terre promise, c’est dur, mais le Seigneur est au bout, ne t’inquiète pas ! »

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de Puente Villarente à León (53e jour)

Nous sommes partis très relax ce matin à 7h puisqu’il n’y a que 12 km à faire. De fait, arrivés au monastère des soeurs bénédictines avant 10h nous avons la surprise de voir qu’il n’ouvre qu’à 11h, cela nous laisse le temps de visiter la cathédrale et d’aller boire un café ! François achète une « banane » pour remplacer la sienne qui a lâché. Jean-Paul achète une nouvelle paire de chaussures.

Après le déjeuner nous allons visiter la basilique San Isidoro, du beau roman. Nous avons également la surprise de découvrir un bâtiment de Gaudi.

De retour au refuge, je renonce à rester dans le dortoir, il fait vraiment trop chaud. Je trouve sincèrement que les conditions d’hébergement ici sont limites. Pas d’oreiller ni de couverture, peu d’aérations, sans compter, comme la plupart du temps, le peu de sanitaires par rapport au nombre de personnes hébergées : le dortoir des hommes comporte 80 places et il n’y a que 2 douches et 2 WC !… Nous devrions dénoncer ce type de gîte aux affaires sanitaires espagnoles. Pour la première fois je profiterai que c’est un gîte « donativo » pour ne rien donner. Je serais curieux de connaître le refuge municipal qui, malheureusement, est un peu excentré.

Nous retrouvons Charly le québecois qui nous amène au « Corte Inglés » (grande surface genre Printemps) faire des courses.

Dans mon esprit, les 2/3 sont faits. Ce n’est pas tout à fait vrai car il reste 13 jours et 315 km.

SMS de Marleen : Elle est à Llanes. Il a plu toute la journée. Il lui reste 430 km à faire et elle a hâte de quitter la côte et d’atteindre Oviedo.

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de El Burgo Ranero à Puente Villarente (52e jour)

Comme nous sommes seuls tous les quatre dans notre chambre, nous pouvons nous réveiller et nous préparer sans risquer de réveiller d’autres pèlerins. C’est plus agréable et appréciable qu’on peut le penser.

Départ à 6 heures 15 après un petit déjeuner au restaurant d’hier. Ils sont bien courageux de se lever si tôt pour nous !

Nous devons parcourir douze kilomètres sans un village. Le premier sera Reliego où nous entrevoyons Marion qui visiblement vient de faire une pause café. Elle marche devant nous mais petit à petit nous distance, elle est vraiment plus rapide que nous ! A Mansilla de las Mulas, elle nous a repérés et nous attend. Nous allons tous les cinq boire un coup et nous lui faisons nos adieux. Elle prend un bus l’après midi pour Madrid.

A 11 heures 30 nous sommes rendus à Puente  Villarente. Le gîte est agréable, il a été aménagé dans une ancienne ferme selon toute vraisemblance. Nous déjeunons à midi dans un restaurant voisin. Un bel orage éclate alors que nous faisons la sieste mais heureusement certains veillaient et ont pu mettre le linge qui séchait à l’abri.

Le repas du soir est servi au refuge. La patronne est de Mulhouse mais a un peu perdu son français car elle vit en Espagne depuis très longtemps.

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de Terradillos de los Templarios à El Burgo Ranero (51e jour)

Départ à 5 heures 30 pour faire 25 km à la fraîche.

A Sahagun, c’est la fête pour 3 jours, on voit les installations pour lâcher les taureaux dans les rues, mais point de taureaux, à la place des gens passablement éméchés. Nous rencontrons Heny, désemparée : elle a perdu sa copine et semble un peu fâchée car il y a plein de « borrachos » (ivrognes) dans les rues. Nous l’accompagnons jusqu’à ce qu’elle retrouve Marion et nous allons prendre un petit déjeuner tous les quatre. Finalement Heny abandonne et va prendre un bus pour Madrid. Marion va continuer encore une journée et prendra un bus à Mansilla de las Mulas.

Nous marchons avec Alain et Jean-Paul et arrivons à notre étape, Bercianos del Real Camino. Eux continuent. Déception : le gîte n’ouvre qu’à 13 heures 30 et il est 10 heures 30. Nous décidons donc de rattraper nos collègues et d’aller avec eux jusqu’à El Burgo Ranero. Cela fera 32 km.

Nous entrons ensemble dans ce village qui fait un peu far-west. Malgré sa petitesse, ce village a plusieurs gîtes et nous en choisissons un avec une chambre à 5 lits (le cinquième ne sera jamais occupé). Peu de « servicios » (toilettes) hélas, mais on a l’habitude. Repas dans un restaurant voisin où on mange très bien.

SMS de Marleen : Elle est à Comilles. Il fait doux mais gris et le vent vient de l’océan. Elle se plaint de trouver beaucoup de goudron sur le « Camino del Norte ».

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de Carrión de los Condes à Terradillos de los Templarios (50e jour)

Aujourd’hui l’étape a été facile quant au relief mais un peu éprouvante à la fin quant à la température.

Nous sommes à Terradillos de los Templarios dans un refuge privé avec des dortoirs de 6 lits non superposés. Dans le nôtre il y a les deux allemandes et les deux français, Alain et Jean-Paul. Leur collègue québécois les a quittés pour être une journée plus tôt à León.

Rien à faire dans l’après-midi, sinon la sieste : il fait trop chaud et à part les murs en pisé des maisons, il n’y a pas grand chose à voir. Aux alentours : l’autoroute et un champ d’éoliennes. Nos amies allemandes, prévoyant la fin prochaine de leur chemin cette année, ont sollicité une photo-souvenir ce que François et moi acceptons bien volontiers.

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de Boadilla del Camino à Carrión de los Condes (49e jour)

Le beau temps revient et avec lui la chaleur, ce qui justifie encore plus le départ matinal et l’arrivée avant qu’il ne fasse trop chaud.

Nous sommes chez des sœurs au monastère du Saint Esprit. Dortoirs d’une douzaine de lits non superposés, super ! Douches et WC en nombre : le luxe ! J’ai tout lavé, y compris la polaire et le pantalon long.

Excellent déjeuner avec des cailles au menu pèlerin à 9 euros ! Le soir, après dîner, messe suivie de la bénédiction des pèlerins. Le curé nous interroge sur nos origines, puis au cours de la prière fait lire un extrait d’une lettre de Saint Paul dans chaque langue (espagnol, italien, allemand, anglais, français, brésilien, coréen). Puis, après la bénédiction il nous explique son église, Santa Maria del Camino.

Le Chemin est un lieu de rencontre extraordinaire de pèlerins de toutes nationalités :

  • J’ai déjà parlé des deux allemandes de nos âges, Heny et Marion, avec parfois une jeune de 25 ans qui marche très fort. Là le lien c’est Heny qui a habité en Argentine et parle espagnol avec un accent argentin mêlé d’allemand.
  • J’ai dit un mot également du groupe de 3 hommes, 2 français et un canadien, qui sont partis ensemble du Puy fin avril. Par contre, je n’ai jamais parlé d’une française discrète et sympa, Marie-Odile, bretonne, qui est partie elle aussi du Puy. Prof de français à la retraite, elle est férue en Grande Randonnée et est baliseuse officielle. Elle a pris le bus hier pour León car elle a des impératifs de date et veut également aller au Cap Finisterre.
  • Il y a un groupe de 4 italiens qui se sont rencontrés en chemin. Le personnage central est un homme de 60 ans, Ferrugio, qui est parti de Rome à pied, il parle de nombreuses langues dont le français parfaitement, ce qui est pratique pour se comprendre entre groupes.
  • On ne peut passer sous silence Pedro, espagnol de 68 ans, qui est plutôt du genre « moi d’abord, moi d’abord » ! Nos premiers rapports ont été quelque peu tendus car il nous passait régulièrement devant que ce soit dans les inscriptions aux gîtes ou tout simplement dans les files d’attente des commerçants ; mais c’est en passe de s’arranger… effet du Chemin !… Pedro a fait la connaissance d’un couple plus jeune, Ana et Antonio, très sympas. Ils doivent être un peu pour quelque chose dans l’humanisation de Pedro.
  • A noter, mais j’en ai déjà parlé, les 2 couples de brésiliens.

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de Hontanas à Boadilla del Camino (48e jour)

Etape rapide sans grande difficulté. Finalement je crois que la Meseta ça se joue comme du Vivaldi : rapidement pour que ce soit plus vite fini ! C’est ce qu’aurait dit mon ami Joseph je crois.

Le gîte du jour est agréable. Il y a même une piscine mais le temps, qui va en s’améliorant, n’incite tout de même pas à la baignade. Jusque là il nous aura été favorable, idéal même pour marcher.

SMS de Marleen : Elle a quitté les belges qui partaient trop tard. Elle marche maintenant avec un québécois et ils sont à 10 km de Santander.

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de Burgos à Hontanas (47e jour)

Pas grand chose à dire si ce n’est que nous sommes maintenant en plein dans la Meseta et qu’on sait à quoi ça ressemble : un grand désert de céréales. Cela laisse l’esprit libre…

Ce matin nous sommes tous partis à 7 heures, règlement du gîte oblige, et c’était amusant de voir la longue file de pèlerins sortant de Burgos.

Nous sommes à Hontanas, 10 km plus loin que prévu. C’est un petit village dont on a vite fait le tour et que l’on découvre au dernier moment car il est situé dans une faille de la Meseta. Il y a tout de même un petit hôtel et l' »albergue » des pèlerins.

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de Agés à Burgos (46e jour)

Lever de plus en plus matinal : les gens sont fous et moi avec car une fois réveillé, je me lève !

Départ 6 heures, il fait sombre et froid. Bientôt il pleut. Nous sommes frigorifiés.

Petit déjeuner à Villafria (la bien nommée) banlieue de Burgos avec les deux allemandes. Puis longue entrée dans Burgos par la zone industrielle ; certains prennent le bus pour éviter cette partie sans intérêt.

A 11 heures on y est mais il faut encore attendre une heure que le refuge ouvre. Il est moderne, dortoirs sur 5 étages, douches et WC en nombre. Mon chapeau que je comptais bien trouver ici est bien arrivé par la poste, mais depuis il a disparu. Il a du plaire à quelqu’un. Je suis obligé d’en acheter un autre car le bob a des bords trop étroits pour protéger correctement du soleil.

Nous déjeunons avec les trois allemandes. Sympa. Heny et moi avons la lourde charge d’assurer la traduction via l’espagnol !

La cathédrale de Burgos est presque complètement ravalée, intérieur et extérieur, et elle est magnifique. C’est vraiment quelque chose à voir absolument.

SMS de Marleen : ils sont à Castro Urdiales. Il fait chaud et le temps est à l’orage.

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de Belorado à Agés (45e jour)

La fête du village avec ses danses folkloriques costumées, son spectacle (voir photos d’hier) s’est poursuivie jusqu’à ce matin, à notre départ ! Il y a eu un feu d’artifice (à ce qu’on m’a dit, avec les bouchons d’oreille je n’ai rien entendu), un défilé (passacalle) dans les rues, etc… Bref à 5 heures pratiquement tous les pèlerins étaient debout et préparaient leur sac. Le responsable du gîte a même commencé à servir le petit déjeuner avant l’heure (6 heures).

A 6 heures 10, François et moi reprenions le chemin pour 28 km car le but est de dépasser San Juan de Ortega pour atteindre Agés où il y a un plus grand choix de refuges. L’autre intérêt c’est de raccourcir un peu celle de demain qui va être laborieuse comme à chaque fois qu’on entre dans une grande ville, et d’après ce qu’on sait Burgos a une importante zone industrielle.

C’est une étape de moyenne montagne (on monte à 1160 mètres) et il y fait bien froid (un pèlerin m’a parlé de 8 degrés, mais je ne sais pas comment il l’a su). Il fait froid et il y a toujours ce vent d’ouest bien en face. Bref, comme à chaque fois que ça monte, François mène la cadence et me largue. A San Juan de Ortega nous visitons l’église qui est très belle, mais à part elle, il n’y a rien. Nous poursuivons donc sans regret.

Nous arrivons très tôt à Agés, en fait dans les premiers, ce qui nous donne le privilège de choisir nos lits. On retrouve petit à petit tout le monde. Nous avons un peu plus fait connaissance avec les deux français et le québecois qui marchent ensemble depuis leur départ du Puy le 29 avril et que j’avais déjà remarqués dans l’étape de Larrasoaña. Les allemandes parties avant nous sont étonnées de nous voir lavés et déjà reposés. La jeune allemande a marché un bref instant avec nous, juste le temps pour nous de lui faire passer un troupeau de vaches en liberté, après elle nous a laissés ; elle marche plus vite que nous.

François me fait faire une découverte, de celles que j’appelle « les leçons du Chemin » : Il me parle d’une personne rencontrée et me dit « c’est quelqu’un de très angoissé », or j’avais de cette personne une perception toute autre, je la voyais avec un tempérament de chef, et François de me répondre : « ce n’est peut-être pas incompatible »… Je crois qu’il a raison, il y a bien des gens qui prennent le commandement pour juguler leur peur et ne pas laisser aux autres le soin de décider pour eux, et, à y bien réfléchir, je suis parfois comme cela. C’est probablement un manque de confiance dans les autres, voire dans la vie. C’est à rapprocher de ce besoin de tracer mon propre chemin au lieu de prendre le chemin proposé (la petite voix intérieure, à la sortie d’Aixe-sur-Vienne, le 18e jour)… Voilà un sujet de méditation pour les prochains jours.

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