Vic-Fezensac – Clermont-l’Hérault

A 3 h 15, nous sortons des limbes du sommeil sans trop de difficulté. “Il pleut” s’écrie Jean-Marie. Nous pensons à une averse. On ne va pas s’affoler pour si peu. Le petit-déjeuner est vite avalé. Nous rassemblons nos affaires et allons chercher les vélos de l’autre côté de la rue.

La pluie tombe en gouttes serrés. Il nous paraît sage de mettre les Goretex. Jean-Marie qui s’est encombré le moins possible, n’a que son coupe-vent. Des sacs en plastique font office de sur-chaussures et en avant!

Il fait très noir. Pour sortir de VIC-FEZENSAC il nous faut gravir une cote, et jusqu’à AUCH, il n’y a que ça. Nous ne voyons pas grand chose du chef lieu du Gers dont nous n’apercevons que la cathédrale gothique.

A GIMONT (km 263), nous passons sous une ancienne halle en bois. L’horizon est totalement bouché. La visibilité est réduite. La pluie commence à s’infiltrer dans nos vêtements. Nous sommes heureux d’atteindre L’ISLE-JOURDAIN (Km 281) pour avaler pâtisseries et thé et trouver ainsi un peu de réconfort. Les gâteaux sont meilleurs que l’accueil de la boulangère! Au café nous laissons de belles flaques d’eau sous nos chaises. Jean-Marie essore tout ce qu’il peut. Alain opte pour la cape et laisse son Goretex à Jean-Marie, l’imprévoyant.

Aussonne

Les paysages ne retiennent pas notre attention. Nous pédalons tête baissée, silencieux, cramponnés à nos guidons, jetant parfois un regard résigné aux cohortes de nuages noirs déversant sur nous toute l’eau du ciel.

Le charmant petit village d’AUSSONNE, avec ses constructions de brique signale l’approche de TOULOUSE que nous évitons. En effet, Alain, notre capitaine de route, sur les instances de Jean-Marie, a déniché un itinéraire plus agréable par le nord qui nous permet d’échapper aux problèmes de circulation inhérents aux grandes cités urbaines.

Coup de tampon très humide à SEILH (km 308). La pluie ralentit notre progression et nous avons un peu de retard sur nos prévisions.

Alain suit attentivement la carte car les panneaux indicateurs sont rares.

A GRATENTOUR (km 316) il faut prendre à gauche ce que nous allions oublier de faire. Nous changeons de cap subitement. Devant nous un mur. Vite adapter les bons développements. Nos muscles et nos articulations sont raidis dans nos vêtements trempés. Marie ressent une vive douleur au genou gauche consécutive à l’effort brutal. Sans rien dire à ses compagnons, elle poursuit son chemin. Son moral vient d’en prendre un coup. La douleur s’irradie partout à tel point qu’elle demande un arrêt pharmacie. Le synthol devrait soulager le mal.

Labastide-Rouairoux

A PUYLAURENS (km 371) nous déjeunons au restaurant Logis de France où Alain avait pris la décision en 1989 d’abandonner la Diagonale HENDAYE- MENTON enchaînée à la suite de DUNKERQUE-HENDAYE. Etait-ce un mauvais présage? Le synthol se révélant parfaitement inefficace, Marie se demande combien de temps encore elle tiendra.

Nous sommes archi mouillés. Jean-Marie se met à tordre consciencieusement ses chaussettes et ses gants dans un cendrier. Marie verse promptement le liquide grisâtre dans le pot de fleurs voisin. Ben quoi? nous sommes bien élevés! Notre manège ne semble pas être remarqué par les clients.

Remonter sur le vélo est un supplice pour Marie. En serrant les dents, elle emboîte la roue de ses équipiers.

Nous approchons de la Montagne Noire, majestueuse, superbe écrin de verdure de MAZAMET (km 406).

Nouvel arrêt pharmacie. “Percutalgine en ampoules, s’il vous plaît” supplie Marie avec l’autorité du désespoir. La vendeuse hésite à fournir ce corticoïde délivré sur ordonnance, puis compatissante, concède le précieux liquide. Application immédiate d’une première ampoule.

Nous allons contrôler dans un café. Jean-Marie, inquiet pour Marie, ne comprend pas son entêtement à poursuivre dans de telles conditions. Alain prudent n’intervient pas.

Nous avons 1 h 30 de retard. Seconde ampoule. Il ne pleut presque plus.

Allez, on continue !

Passé le COL de la FENILLE (480 m), nous entrons dans l’Hérault. Le ciel est moins gris. A ST-PONS-DE-THOMIERES, il n’a pas plu du tout. Nous abordons la Vallée du Piémont. Autour de nous des cerisiers aux branches lourdement chargées offrent à notre tentation leurs fruits bien mûrs. Mais nous n’y céderons pas.

Dans l'Hérault

Nous roulons à bonne allure entre les Monts de l’Espinouse, partie méridionale du Massif Central. La tiédeur ambiante nous libère peu à peu de notre carcan d’humidité et profite au genou de Marie devenu un peu moins douloureux.

Les terres rouges des environs de BEDARIEUX (km 487) sont plus arides. Les genêts en fleurs éclairent la garrigue et embaument délicieusement l’air. Une belle descente sur CLERMONT-L’HERAULT (km 517) nous récompense des efforts consentis durant cette journée. Nous arrivons à l’Hôtel Terminus avec seulement 10 mm de retard sur notre programme. Le patron débordé tarde à nous fournir la douche bienfaisante. Le repas s’éternise. Les clients nombreux hèlent sans cesse le serveur qui ne sait plus où se tourner.

Nous tombons de fatigue après cette longue étape de 309 km.

 

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