Introduction

Alain, docteur ès-Diagonales de notre club, avait détecté en Marie les symptômes du cyclo au long cours. Il eut tôt fait de la convaincre des vertus thérapeutiques de la Diagonale.

1991, Centenaire du PARIS-BREST-PARIS, a permis un entraînement de choix grâce aux brevets qualificatifs de cette grande classique. Surtout pour Marie qui n’avait jusqu’alors jamais dépassé 220 km dans la journée. Jean-Marie, cyclo émérite devant l’Eternel, a accepté de suppléer Alain dans la tâche délicate du chaperon. Ainsi naquit notre équipe.

Après un voyage ferroviaire assuré dans les meilleures conditions par le TGV Atlantique, nous arrivons à HENDAYE à 15 h, la ville de notre départ. Il tombe des cordes. A la gare, nous récupérons nos précieuses bécanes que nous avions pris soin d’envelopper généreusement de plastique à bulles et du carton SNCF ad hoc. Tout ceci devait constituer un blindage anti-choc efficace… pour le cadre seulement! La roue arrière du vélo de Marie souffre de contusions multiples: jante voilée, pneu lacéré, garde-boue cassé, dérailleur dans les rayons. Constat avec l’agent blasé: “C’est la manipulation entre les gares à Paris” déclare-t-il machinalement et devant l’air éploré de Marie ajoute : “Il y a un marchand de vélos à 800 m à gauche en sortant de la gare.”

Nous équipons nos vélos avant de partir: mise en place des sacoches de guidon, assorties de surbaissées pour Jean-Marie et de simples sacs sur le porte-bagages arrière pour Alain et Marie sans oublier l’apposition solennelle de la plaque de cadre.

Nous partons à la recherche du précieux vélociste. Il se trouve à deux pas de l’Hôtel St-Cricq où nous devons passer la nuit. Nous en profitons pour nous délester un peu. L’hôtel-restaurant est d’une saleté repoussante. “L’hôtelier m’a reconnu” dit Alain, qui a déjà bénéficié de son hospitalité en 1989, “Il a l’air étonné car personne ne revient d’habitude!”.

Et pour cause…

Le vélociste très affairé, mâchonne un gros cigare. Notre arrivée intempestive ne perturbe en rien ses activités. Nous campons dans l’entrée de son atelier minuscule. Devant notre insistance, il consent à se pencher sur le blessé. “Rovono vers dix-nov hor”. Nous comprenons par là qu’il accepte de donner les premiers soins.

Dans l’attente, nous flânons à travers les rues humides d’Hendaye. L’église XVIème siècle révisée XXème, de pur style basque, possède un curieux sanctuaire peint en rouge et une nef parcourue de trois galeries en bois superposées comme dans un théâtre. Le reste de la ville offre peu d’intérêt.

Nous retournons auprès de notre vélociste, devenu subitement loquace, récriminant contre la S.N.C.F. qui pourtant manifestement lui assure de la clientèle.

Le repas à l’hôtel aurait pu être pire : il n’y a qu’une mouche dans le verre de Marie, c’est une chance vu la nuée qui s’agite au dessus des poubelles de la cuisine.

Nous sortons prendre un tilleul-menthe au « Café de la Poste » et rentrons vite nous coucher. Il fait assez frais. Alain et Jean-Marie s’endorment comme des bébés tandis que Marie tente vainement de stabiliser sa position sur les ressorts du matelas.

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