Le blog de Marie et Alain

Grosse journée aujourd’hui avec 34 km, mais le temps et les paysages sont très agréables.

En chemin, un cerisier a bien voulu me céder quelques fruits gratuitement. Plus loin une fillette vendait des barquettes de fraises pour 1 euro… délicieuses fraises. J’ai pu en faire profiter Michel et Marleen.

Déjeuner à Monfaucon où j’arrive quand Michel s’en va. Il marche vraiment bien depuis que Marleen lui a expliqué comment utiliser les deux bâtons et que je lui ai expliqué comment porter correctement son sac à dos. Marleen arrive à son tour alors que j’ai presque fini. On finira l’étape ensemble.

Gîte privé confortable. Notre hôte a traversé l’Atlantique en équipage à l’aviron ! Respect…

Rien écrit hier soir, pas eu le temps : j’ai recopié une partie du carnet d’adresses du Nokia dans l’iPhone ! C’est intelligent comme activité !… Pas de lecture, pas d’écriture.

En fait vendredi a été une journée « bof, bof » : le matin grosse pluie froide incessante jusque vers 11 heures 30, puis temps gris et froid. On ne peut passer sous silence toutefois le passage par l’abbaye de Chancelade vraiment très belle ainsi que la petite chapelle voisine.

Le soir nous étions à Saint Astier, dans un bungalow réservé aux pèlerins. Nous, c’est à dire Marleen, Michel et moi. J’ai été dîner dans une pizzeria seul, les autres préférant manger des trucs achetés… froids. Moi, il me faut un bon repas par jour… je crois !

Aujourd’hui, temps beaucoup plus agréable. Les 24 km sont avalés assez facilement et à 14 heures nous sommes au refuge de Mussidan. Douche, lessive… comme chaque jour. Je suis passé à l’église, il y a une messe à 18 heures.

Nous avons été arroser mes 600 km tous les trois. Marleen en a 1350 et Michel 157. Le soir Michel et moi sommes allés dîner dans un petit resto bien sympa, prix pèlerin : l’Auberge du Musée. Dîner en terrasse avec tout ce qu’il faut pour nourrir un pèlerin convenablement…

Enorme orage cette nuit. J’entends à la radio du Nokia qui fonctionne à nouveau, que la grêle a détruit des vignes en Gironde ! Nous partons sous la pluie, chacun en solitaire. La première partie  se termine par un chemin gadouilleux à souhait. Je me perds dans les bois mais tombe sur une anglaise avec deux gros chiens noirs, elle me remet sur la bonne piste. Je me restaure et j’ôte le poncho à l’entrée de  Cornille et Marleen me rattrape au moment où je repars. Elle aussi s’est perdue au même endroit et elle aussi a trouvé l’anglaise.

Nous visitons Cornille ensemble puis Marleen s’arrête à son tour pour se restaurer. A midi je trouve un abribus et déjeune. Marlène s’arrête un moment mais n’a plus faim et repart seule. Il reste une heure avant Périgueux, terme de l’étape et terme de ma troisième semaine. Nous logeons tous les trois à la maison diocésaine.

Marie me téléphone alors que je viens juste d’entrer dans ma chambre. Pendant que l’on se donne des nouvelles, le Nokia rend l’âme. Je décide alors d’en changer. Après la douche, je file en ville et achète un iPhone. Le problème va être de reconstituer le carnet d’adresses avec l’aide de Marie au téléphone, mais ça me rassure.

Visite de la Cathédrale Saint Front, du cloître (gratuit pour les pèlerins). On tamponne ma Credentiale ; envoi de cartes postales, dîner chez « Maître Kanter » (c’est un peu cher, mais c’est bon). Au dodo !…

Matinée quelque peu mouvementée ! D’abord je me rends compte en consultant le réveil du téléphone que celui-ci ne fonctionne plus ! Quelle tuile : il y a tout mon carnet d’adresses ! Du coup c’est décidé je fais 2 étapes en une pour tenter d’arriver pas trop tard à Périgueux et essayer de résoudre ce problème.

Deuxième contrariété, à 6 heures un gros orage donne de la voix et il pleut abondamment. Eliane et Daniel se lèvent une demie heure plus tard pour me faire le petit déjeuner et lorsque je pars couvert du poncho à 7 heures il pleut toujours aussi fort. Cela durera ainsi 2 heures et lorsque qu’enfin la pluie s’arrête, je me rends compte que j’ai oublié mon chapeau ! Cela me contrarie parce que je deviens distrait : le bâton, le chapeau… il faut que je fasse plus attention et garde toujours mes affaires regroupées.

A Thiviers je m’achète un bob de remplacement et poursuis ma route. Mais une heure plus tard une voiture s’arrête à ma hauteur et un homme me dit « Ça va ? Pas de problème. Quel est votre nom ? » Là, je comprends et en même temps que mon nom je lui dis « Vous avez mon chapeau ? » Ouf… J’étais vraiment très content. Me voilà avec un chapeau de rechange !

Arrivé à Sorges, au refuge, je retrouve mon « sauveur » de chapeau. C’est le président de l’« Association Chemin de Vézelay en Périgord ». Il avait été à la Coquille pour le départ d’Eliane et Daniel dont c’était le dernier jour et ceux-ci lui avaient remis le chapeau en lui donnant ma destination. Et voilà !

Bonne surprise : Marleen est là. Elle a fait une halte chez des amis, puisqu’elle a habité 12 ans en Dordogne, et cette halte, plus mon avance, font que nous nous retrouvons de nouveau à la même étape.

Arrive ensuite Michel qui a dormi à côté de moi hier à la Coquille. Arrivé très tôt à Thiviers il a préféré continuer jusqu’ici.

Viviane, l’hospitalière belge, prépare à manger et ça sent bon : il y a de la soupe périgourdine (à l’ail) au menu et des endives.

Panique ce matin en rangeant mes affaires : je n’ai plus de bâton ! Au petit déjeuner le patron me dit que les sœurs ont appelé pour dire que je l’avais oublié chez elles ! ouf!…

Bel orage et grosse pluie cette nuit, les chemins le confirmeront en étant bien boueux.

Bon parcours avec une petite erreur qui me fait rajouter 1 km. Ce n’est pas grave, à midi et demi c’est terminé, je suis à « la Coquille ». C’est un refuge officiel tenu par un couple d’hospitaliers de Bayonne en camping-car, bien sympas et qui proposent à dîner. Francis et Eric, les deux belges arrivent bientôt, ainsi qu’un homme seul qui est parti de chez lui, à Aixe-sur-Vienne. Il s’appelle Michel et c’est son deuxième jour. En arrivant, il soulève mes chaussures et découvre à qui appartenaient les traces qu’il avait suivi dans la matinée.

Cette journée aura été riche en petits évènements. D’abord, j’ai mis mon short pour la première fois, signe de beau temps ; ensuite j’ai vu un serpent qui se dorait au soleil et a fui rapidement quand il m’a vu ; j’ai aussi été agressé par deux chiens, et leur patronne est venue bien calmement m’expliquer que ses chiens se sentaient agressés par mon bâton ! Ben voyons…

Mais le plus intéressant pour moi est venu de ma décision de ne pas suivre le chemin indiqué et de prendre une petite départementale de façon à raccourcir le trajet de quelques kilomètres. Or cette petite départementale était étroite et chargée (itinéraire bis pour Limoges) ce qui avait pour effet de m’arrêter fréquemment pour me garer sur le talus. Au bout d’un moment, une petite voix intérieure m’a murmuré : « Pourquoi t’entêtes-tu à suivre ton chemin, alors que celui que je te propose est là tout proche ? ». La transposition dans la vie de tous les jours était évidente ; c’était une nouvelle leçon pour moi !

Six kilomètres plus loin, j’avais rejoint Le Chemin ! Cela n’avait effectivement rien à voir : beau, calme, bucolique…

Je suis arrivé à Chalus qui est une bourgade assez étendue. J’ai été voir les sœurs et elles n’ont pas voulu de moi ; plus exactement : leur règlement ne leur permet pas de faire de l’hébergement. Si, si !… La sœur qui m’explique tout cela, téléphone dans une auberge pour que je retienne une place et en fait, me renvoie à l’entrée de la ville, d’où je viens ! Ah sacré sens pratique des religieuses. Bon… elle a tamponné ma carte de pèlerin.

L’auberge est excentrée mais très bien. Malheureusement pour des raisons de santé, ils ne font plus restaurant et je vais devoir retourner en ville pour dîner !

Il n’y a qu’un malheureux « grill » d’ouvert, m’a dit l’hôtelier. Il y a eu un incident à ce grill : un vieux couple anglais n’a pas aimé la bavette qu’on lui a servie et ils sont partis en ne payant que les légumes. Le jeune patron était furieux.

J’ai entrevu la femme de l’hôtelier avec des tuyaux d’oxygène. Je pense que la bonne sœur a fait exprès de m’envoyer là.

J’ai eu un peu de mal à quitter ce si bon gîte ce matin. J’y ai passé de très bonnes heures. Il fait gris et humide, la route n’est pas passionnante. Mais Limoges est sur le chemin et j’ai repéré une messe à l’église Sainte Marie à 10h30.

En fait je suis à la cathédrale à 9h30, mais elle est fermée, elle n’ouvre au public que l’après-midi. Cela devrait être indiqué dans les guides. Je trouve rapidement un épicier arabe pour compléter mon pique-nique de midi et à 10 heures je rentre à l’église Sainte Marie. Les gens arrivent au compte-gouttes, si bien que 5 minutes avant le début de la messe, nous ne sommes qu’une vingtaine ! Mais au final nous serons bien une centaine. Les chants et les manières de faire sont différents de notre Lorraine, mais ça ne fait rien, c’est assez sympa. Bien sûr je suis repéré avec mon sac à dos. A la quête la personne qui recueille mon obole me glisse à l’oreille « bonne route » et à la fin de la messe plusieurs dames me posent quelques questions et me souhaitent également « bonne route ».

Je finis mon étape dans un hôtel « bof-bof » d’Aixe-sur-Vienne. Les nouveaux propriétaires ont du pain sur la planche parce que c’est vieillot et très très sale. Bon il faut reconnaître qu’on est dimanche, que d’ordinaire c’est fermé, mais qu’ils font exception pour les pèlerins (je suis seul). Ma chambre sent horriblement la cigarette… J’ai lu quelque part que le pèlerin ne se plaint pas, il accepte ! C’est d’autant plus facile quand on n’a pas le choix.

Ce matin, j’ai fait mes adieux à mes collègues que je ne reverrai sans doute plus. Je continue sur l’idée du décalage en espérant avoir une messe à Limoges dimanche.

Parti le premier à 7h20 j’étais à Saint Léonard 4 heures plus tard. Visite de la Collégiale (très belle, vaut largement le détour), carte postale aux Peters, courses, et je continue vers Montignac (à côté d’Aureil) où j’arrive vers 15h30.

C’est une sorte de château, ou de ferme, tenu par une dame qui me rappelle une nancéienne de nos connaissances. Un petit bâtiment de la propriété a été transformé en gîte par un de ses fils. Prêtre, il a fait le Chemin de Compostelle et connaît les besoins du pèlerin. C’est super. Au rez-de-chaussée il y a un coin « prière », un coin salle à manger et un coin cuisine. A l’étage un dortoir de 20 lits et les sanitaires, douches, etc… Et je suis tout seul. En plus il y a une machine à laver et une machine à sécher, si bien que pour la première fois, tout est lavé. Je repars à neuf !

Le soir, la dame m’amène un panier avec de la soupe, des nouilles, du fromage, de la mâche et une tartelette. Sur place il y a l’apéro, le vin rouge et un confit de porc ! Elle charge le poêle à bois et l’allume… Sans aucun doute le meilleur gîte jusque là !

Comme il s’agit plutôt d’un gîte à vocation religieuse, je trouve une fiche avec les heures de messe à Limoges. Cela devrait aller : 10 heures 30 ou 11 heures.

Le soir je serai à Aixe-sur-Vienne, car les personnes faisant de l’accueil à Limoges ne sont pas disponibles ce dimanche.

Olga, Jacques, Francis, Eric et moi, les 5 pèlerins présents à Bénévent, avions la même idée : aller jusqu’aux Billanges, sans passer par Châtelus-le-Marcheix, et ne pas nous contenter des 18 km prévus. Ce sera donc une étape à inventer : jusqu’à Saint-Goussaud, le chemin officiel et ensuite le GR 654.

Le temps est très humide et frais, il y a eu de l’orage dans la nuit, mais c’est finalement le temps idéal pour marcher. Le GR passe par le point le plus haut de la Voie de Vézelay (aux environ de 680m) et on nous avait promis de superbes panoramas, malheureusement les nuages sont un peu bas…

Je boucle mon étape en début d’après-midi et suis accueilli « chez Françoise » par Marcel qui tout de suite m’offre une bière et bavarde de tout et de rien. Bref, on est très rapidement à l’aise. Bientôt je trouve ma chambre et une bonne douche.

Quelle soirée ! Marcel nous a servi le repas en ne cessant pas de raconter des anecdotes parfois assez drôles. C’est un phénomène ! On a beaucoup ri, bien qu’à la fin je me lassais un peu de quelque chose qui me paraissait artificiel car longuement rôdé au fil des soirées avec les pèlerins !…

Demain je prolongerai un peu l’étape pour raccourcir la suivante et essayer de trouver une messe à Limoges.