J’ai reçu hier un SMS de Marleen annonçant : « Je suis à Monte do Gozo et demain matin à Santiago, en compagnie d’un belge wallon ».
Je suis donc ce matin de bonne heure sur la place de l’Obradoiro qui est encore plus vide que le jour de mon arrivée. En les attendant je fais quelques photos des bâtiments de cette place qui est vraiment très belle. Et puis je vais me poster là où était Thomas dimanche.
A 8h35 enfin je vois sa mince silhouette apparaître sur le haut de la place et agiter ses bâtons. Nous nous serrons mutuellement dans les bras et cette fois ci, il n’y a pas de crachin pour masquer un peu d’humidité dans les yeux. Elle me présente Guy avec qui elle a marché ces derniers jours et qui continue, dès demain, vers Fatima au Portugal.
Séance photo traditionnelle avec nos trois appareils… Je les accompagne ensuite au bureau des pèlerins pour leurs Compostelas, puis au bureau du tourisme pour le retour de Marleen en autocar. Ils ont choisi le petit séminaire comme refuge et un pèlerin allemand nous y accompagne. Superbe vue sur Santiago.
En les attendant j’engage le dialogue avec des pèlerins cyclistes français qui sont en train de charger deux camionnettes immatriculées dans le Finistère (le nôtre, pas le Finisterre galicien). J’ai écrit « pèlerins », j’aurais du écrire « cyclotouristes » car je me suis reconnu dans ce qu’ils ont fait : ils ont mis dix jours pour venir de Brest, soit 200 km par jour. La performance est assez jolie et me rappelle les Diagonales, mais sans les camionnettes ! Finalement, ce sont eux qui sont les plus étonnés par mes 1700 km parcourus, à pieds, en 66 jours. Mais, pour moi, pour Marleen, pour Guy, pour nous tous, piétons, ces nombres ne veulent rien dire, le Chemin c’est bien sûr, autre chose qu’une performance sportive. D’ailleurs Marleen trouve au petit séminaire cette définition du pèlerin en galicien :
- « Peregrino é todo aquel que ten un espirito libre, unha equipaxe lixeira, unha alma solidaria… e segue espontaneamente o camino dos seus sonos »
Ce qui veut dire :
- « Est pèlerin celui qui a un esprit libre, un bagage léger, une âme solidaire… et suit spontanément le chemin de ses rêves »
Alors qu’un marché médiéval se met en place sur la place de la Quintana, nous retournons vers la cathédrale que nous avons le temps de visiter. C’est l’occasion de rendre grâce, en particulier pour moi, à la crypte où seraient exposées les reliques de Saint Jacques. Pas plus de « botafumeiro » aujourd’hui à la messe de midi que dimanche dernier, mais la litanie des arrivées est toujours aussi longue. Cette fois-ci il y a une arrivée en provenance de Gand, une belge…
Marleen continuera demain vers le cap Finisterre qu’elle atteindra en 3 jours, puis le lendemain vers Muxía où serait arrivée la barque transportant le corps de Saint Jacques. Puis elle retournera en bus à Santiago et mercredi prendra son car pour Gand.
Nous allons boire une dernière « caña » ensemble. Puis je l’embrasse très fort et m’en vais sans me retourner.