La fête du village avec ses danses folkloriques costumées, son spectacle (voir photos d’hier) s’est poursuivie jusqu’à ce matin, à notre départ ! Il y a eu un feu d’artifice (à ce qu’on m’a dit, avec les bouchons d’oreille je n’ai rien entendu), un défilé (passacalle) dans les rues, etc… Bref à 5 heures pratiquement tous les pèlerins étaient debout et préparaient leur sac. Le responsable du gîte a même commencé à servir le petit déjeuner avant l’heure (6 heures).
A 6 heures 10, François et moi reprenions le chemin pour 28 km car le but est de dépasser San Juan de Ortega pour atteindre Agés où il y a un plus grand choix de refuges. L’autre intérêt c’est de raccourcir un peu celle de demain qui va être laborieuse comme à chaque fois qu’on entre dans une grande ville, et d’après ce qu’on sait Burgos a une importante zone industrielle.
C’est une étape de moyenne montagne (on monte à 1160 mètres) et il y fait bien froid (un pèlerin m’a parlé de 8 degrés, mais je ne sais pas comment il l’a su). Il fait froid et il y a toujours ce vent d’ouest bien en face. Bref, comme à chaque fois que ça monte, François mène la cadence et me largue. A San Juan de Ortega nous visitons l’église qui est très belle, mais à part elle, il n’y a rien. Nous poursuivons donc sans regret.
Nous arrivons très tôt à Agés, en fait dans les premiers, ce qui nous donne le privilège de choisir nos lits. On retrouve petit à petit tout le monde. Nous avons un peu plus fait connaissance avec les deux français et le québecois qui marchent ensemble depuis leur départ du Puy le 29 avril et que j’avais déjà remarqués dans l’étape de Larrasoaña. Les allemandes parties avant nous sont étonnées de nous voir lavés et déjà reposés. La jeune allemande a marché un bref instant avec nous, juste le temps pour nous de lui faire passer un troupeau de vaches en liberté, après elle nous a laissés ; elle marche plus vite que nous.
François me fait faire une découverte, de celles que j’appelle « les leçons du Chemin » : Il me parle d’une personne rencontrée et me dit « c’est quelqu’un de très angoissé », or j’avais de cette personne une perception toute autre, je la voyais avec un tempérament de chef, et François de me répondre : « ce n’est peut-être pas incompatible »… Je crois qu’il a raison, il y a bien des gens qui prennent le commandement pour juguler leur peur et ne pas laisser aux autres le soin de décider pour eux, et, à y bien réfléchir, je suis parfois comme cela. C’est probablement un manque de confiance dans les autres, voire dans la vie. C’est à rapprocher de ce besoin de tracer mon propre chemin au lieu de prendre le chemin proposé (la petite voix intérieure, à la sortie d’Aixe-sur-Vienne, le 18e jour)… Voilà un sujet de méditation pour les prochains jours.