Journée importante que ce vendredi car je passe en Espagne, et pas n’importe comment: par les Pyrénées pour atteindre Roncevaux (Roncesvalles en espagnol).
J’ai de nouveau une petite appréhension car la Voie de Vézelay que nous venons de parcourir était très agréable. On m’a décrit la partie espagnole, dite « Camino francés », comme une autoroute très encombrée avec des gîtes surchargés pour lesquels on fait la course car on ne peut pas y réserver une place. Cela risque d’être une toute autre ambiance, un nouveau Chemin de Compostelle qui commence. Le mois que je viens de vivre m’avait incité à faire le parallèle entre la vie courante et ce que nous vivons sur le Chemin, que va être cette vie là ?
Le dîner avec le brestois (aigle d’or audax, il fait des étapes de 40 km et sera à Santiago en 20 jours) m’a convaincu de ne pas rester à Roncevaux (dortoir unique de 60 lits superposés, donc 120 places) et de faire 5 km de plus pour aller sur un camping qui a aménagé un gîte pour pèlerin.
Le début de la montée est aussi rude que la veille mais, comme le temps n’a pas changé, je fais de nouveau de nombreuses photos. C’est magnifique, splendide… je n’ai pas de mots ! Après le refuge d’Orisson ça devient moins dur et l’on monte plus facilement. Avec plus de 900 km je n’ai pas de difficulté mais ce n’est pas le cas de tout le monde et on en voit qui en bavent, certainement ceux fraîchement débarqués du train la veille. J’ai même vu un taxi monter à la limite de la route goudronnée et deux espagnols en descendre. Par la suite, dans la montée, ils étaient à la dérive. C’est étonnant ; en montagne, sur une randonnée ordinaire, personne ne ferait ça. Le Chemin provoque quelques comportements bizarres. Dans la vie courante il y en a aussi qui trichent…
Michel me rattrape avant le premier col. Il est parti une demie heure avant moi, mais de Saint-Jean-Pied-de-Port. Il m’a donc repris une heure en trois heures ! C’est beau la jeunesse (il a 12 ans de moins que moi). Je le laisse se restaurer et continue ma route.
Je refais le plein de ma gourde à la fontaine de Roland et on arrive à la borne marquant l’entrée en Navarre. C’est l’Espagne qui commence.
J’ai un moment l’impression de m’être trompé de chemin car je ne rencontre plus personne, mais au dernier col, alors que Michel m’a rejoint de nouveau, nous sommes sûrs d’être sur la bonne voie ; il n’y a simplement plus grand monde avec nous, juste une coréenne et deux autres français.
Nous décidons de descendre par le chemin qu’on nous avait déconseillé à cause des pluies récentes. Comme ça fait deux jours qu’il fait beau, le terrain a du sécher. Effectivement cela n’a rien à voir avec certains sentiers que nous avons pratiqués sur la Voie de Vézelay sous la pluie.
Arrivés à Roncevaux, c’est la cohue redoutée : cars, vélos, touristes… Nous nous présentons pour faire tamponner nos credencials, pique-niquons et je me sauve tout seul car Michel a préféré voir ce que c’est qu’un hébergement de 120 lits !
Il fait chaud et je trouve avec plaisir le gîte et, comme toujours, la douche et la lessive. Mais là, je m’autorise une bière car il y a un bar-restaurant dans ce gîte installé dans un camping. André, le brestois, y est déjà. Une française arrive également ainsi qu’un français avec son âne. Ce sera tout pour ce soir. André, Colette et moi dînons ensemble.