de Prémery à Nevers (4e jour)

Je suis à Nevers, chez les Sœurs de la Charité. C’est là qu’est Bernadette Soubirous à qui j’ai été dire bonjour dès mon arrivée. Je suis bien installé mais j’ai été surpris par le prix : entre hier et aujourd’hui c’est pratiquement le même prix : 50 euros.

La journée s’est bien passée. Ciel en grande partie couvert mais sans pluie. J’ai dit adieu ce matin à Gérard et Colette que je ne reverrai probablement pas. On s’est promis de prier les uns pour les autres à Santiago. La pèlerine belge était partie sans petit-déjeuner. L’autre couple, Jacques et Olga, flânait un peu mais ils doivent être à Nevers ce soir également. Jacques ce matin a fait une belle gaffe, de celle dont on a du mal à se dépêtrer : il a demandé à la patronne si c’était son père qui était à la cuisine… C’était son mari !

Fidèle à mon truc de ne pas faire de kilomètres inutiles quand c’est possible, j’ai pris la départementale qui relie Prémery à Guérigny en marchant dans l’herbe du bas côté qui est large. J’ai fait ainsi 15 km au lieu de 18. Un peu plus loin alors que je m’étais arrêté dans un bois pour faire un petit pipi, au moment de me remettre en route j’ai vu un marcheur qui venait vers moi. J’ai attendu et j’ai bientôt compris que c’était la belge qui était bien surprise de me trouver là. Nous avons marché alors ensemble, mais il a fallu que je fasse un effort parce qu’elle marche beaucoup plus vite que moi, style coureur de marche à pied en s’aidant de ses deux bâtons. Elle s’appelle Marleen, est flamande, a 62 ans, six enfants, veuve et retraitée. Nous nous sommes arrêtés à la porte d’un cimetière parce qu’il y avait des bancs et nous avons pique-niqué. Eh bien ma belge n’avait rien ! On a donc partagé mes ressources car j’en avais facilement pour deux dans mon sac.

Je crois que j’ai pris là ma première leçon du Chemin : Marleen n’avait rien à manger dans son sac, alors que moi j’en avais pour deux ! Toutes les peurs que j’avais au départ tenaient surtout dans ceci : je ne sais pas vivre au jour le jour, m’en remettre à la Providence, ne pas me charger de l’inutile. Plus que l’appréhension de l’effort physique, c’était la peur de ne pas trouver de quoi manger, ou bien de ne pas savoir où dormir… J’ai compris tout de suite que c’était elle qui avait raison. Elle m’a d’ailleurs expliqué que quand elle achetait un gâteau de riz par exemple, elle le mangeait tout de suite pour ne pas s’encombrer ; c’était pour parfaire la leçon… Les recommandations de Jésus à ses disciples dans l’Evangile ne disent pas autre chose : n’emportez rien d’inutile, prenez ce qui se présente et rien de plus. J’avais déjà eu l’intuition de cela quand j’ai préparé mon sac à dos : deux tee-shirts, deux slips, deux paires de chaussettes, un pantalon, un pull… il faudra vivre avec cela et rien que cela pendant plus de deux mois. Marleen en remettait une couche…

A l’entrée de Nevers nous nous sommes séparés car elle était  attendue dans un «Accueil Pèlerins à Domicile». Je vais expérimenter cela demain. Il semble qu’il s’agisse d’anciens pèlerins qui accueillent maintenant ceux qui passent. Quelqu’un s’est proposé spontanément de l’accompagner en voiture chez cette famille car ce n’était pas du tout dans la banlieue par laquelle nous arrivions à Nevers.

Vers 17 heures, je suis retourné voir Bernadette et là… une messe en hollandais commençait. Depuis mercredi, j’ai eu chaque jour une messe, sauf hier Dimanche. Au dîner nous étions 5 : un couple de japonais âgés qui ne parlaient que japonais ou anglais, deux françaises et moi. C’est incroyable ce que les japonais connaissent de la France et de l’Europe. La dame était incollable : quand  j’ai dit que je venais de Nancy, elle a cité «Art nouveau» et «macarons» ! Mais la conversation était difficile.

 

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de Saint-Révérien à Prémery (3e jour)

Je suis installé dans ma chambre d’hôte au-dessus du restaurant « les quatre saisons » de Prémery.

Finalement la nuit a été bonne, ponctuée par les heures qui sonnaient au carillon de la Mairie. Gérard a bien ronflé. Le responsable du gîte est venu nous dire au revoir. Après avoir petit-déjeuné et rangé le refuge, j’ai souhaité partir seul et me suis excusé.

A midi j’étais à Prémery. J’ai pique-niqué sur un banc où une dame est venue me faire la causette « Vous êtes un Compostelle ? ». Elle avait hébergé il y a peu un belge qui avait campé dans son jardin.

Douche, sieste, téléphone à Marie. Cette fois ci je téléphone aussi à Maman. Je téléphone également aux sœurs de Nevers qui veulent bien me recevoir demain soir. Moi qui voulait rendre visite à Bernadette, notre sainte Bernadette Soubirous de Lourdes, je suis comblé !

Ce soir nous sommes 6 : une belge qui a déjà fait 750 km (elle est partie fin mars, de chez elle à Gand), un couple de Besançon (ils ont déjà été à Santiago et font une partie seulement cette fois ci), le couple d’hier -Gérard et Colette- et moi. J’ai dîné avec eux et nous avons de nouveau longuement et profondément discuté.

 

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de Corbigny à Saint-Révérien (2e jour)

Je suis réveillé à 6h45 par l’hospitalière anglaise qui va en ville chercher du pain. Je prépare mon sac et à 7h15 je petit-déjeune en face de cette femme si sympathique. Elle a déjà fait le pélé à plusieurs reprises à pied et en vélo. Elle fait partie de la Confrérie de Saint-James (Saint-Jacques) et chaque année elle vient passer 15 jours dans un refuge. C’est beau le bénévolat !

Dehors changement de décor : il pleut ! Je vais sans la cape jusqu’à la boulangerie et une fois chargé du pain indispensable, j’enfile la cape (poncho) qui ne me quittera plus jusqu’à Saint-Réverien. J’y suis à midi.

Le refuge est ouvert, l’anglaise ayant prévenu que j’arrivais. Je suis seul et le refuge est tout petit : 2 lits superposés et 1 lit de camp. Sanitaires et cuisine impeccables, mais les toilettes sont dehors. Dommage.

Je mange, fais une sieste. Puis constatant qu’il n’y a pas de réseau téléphonique dans le refuge, je vais téléphoner à Marie dans la cabine publique de la place. Cela ne répond pas. J’en profite tout de même pour appeler un restaurant à Prémery qui fait aussi chambre d’hôte et je réserve pour demain soir : repas, chambre et petit déjeuner pour 51 euros. C’est plus cher qu’un refuge !

Pendant que je téléphonais arrive un couple avec sacs à dos : Gérard et Colette sont en route pour Saint-Jacques et pensaient être seuls dans le refuge ce soir ! Nous faisons connaissance et finalement on décide que je prendrai le lit de camp.

La responsable du gîte nous rejoint bientôt, nous inscrit et nous discutons longuement sur la mort des campagnes. A Saint-Révérien il y avait un boulanger, un hôtel, un bistrot, une poste…tout cela est fini. 200 habitants vieillissants ne suffisent plus à nourrir et à rentabiliser ces services.

Je réussis à joindre Marie au téléphone mais abrège la conversation car à 18 heures il y a la messe du week-end. Nous y allons  tous les trois. L’église est très belle mais il y fait un froid intense. Je grelotte dans mes vêtements mouillés.

Gérard, après la messe, se met aux fourneaux et nous fait des nouilles à la sauce tomate. Puis la conversation démarre sur la messe et j’apprends bientôt qu’ils entreprennent ce pèlerinage car ils viennent de perdre un de leur deux fils qui avait 36 ans : Stéphane. Nous discutons longuement.

A 22 heures, au lit.

 

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de Vézelay à Corbigny (1er jour)

Réveil à 6h30 (6h45 pour Sara). Le sac est vite bouclé, la chambre rangée.

En sortant de chez les soeurs franciscaines nous remarquons une statuette de Saint-Jacques avec toute une série de petits rouleaux de papier ; il faut en prendre un qui nous accompagnera sur le Chemin de Compostelle. Sur le mien il est écrit : « Que le Dieu de l’espérance vous donne en plénitude dans votre acte de foi, la joie et la paix, afin que l’espérance surabonde en vous par la vertu de l’Esprit Saint (Romains XV, 13) »

A 6h55, nous sommes dans la rue au pied de la Basilique. Marie nous donne les croissants qu’elle a achetés la veille et Sara mitraille ! C’est que Maman a demandé expressément qu’elle fasse des photos de son fils au départ ! Nous descendons la rue principale jusqu’au pied du village où nous nous quittons, j’ai la gorge serrée par l’émotion et je ne peux dire un seul mot !

Elles vont chercher la voiture tandis que je prends la direction de Saint-Père. Quelques instants plus tard elles me dépassent avec de grands coups de klaxon et des signes d’encouragement. Et voilà, je suis maintenant vraiment en route. J’avais hâte que ce moment arrive.

La première étape est donnée pour 36 km, mais par la route ça ne fait que 30. Je choisis donc la route. En pèlerinage, mais pas maso ! Encore que l’expérience de cette journée montre que le macadam n’est pas forcément très agréable. Le temps est magnifique, les paysages aussi. A midi,  j’ai fait mes 21 km. Je déjeune et finalement j’arrive à 15h30 au refuge des pèlerins. Celui-ci n’ouvre qu’à 16h. Je m’allonge sur la pelouse ; j’ai peiné plus que je ne le pensais, probablement à cause du sac. Je décide donc de couper la prochaine étape en 2, histoire de me roder. Il y a un autre refuge à Saint-Révérien. Cela me rajoute une journée, mais j’ai tout mon temps.

A 16 heures une anglaise qui doit bien avoir mon âge, arrive et ouvre le refuge situé dans un collège tenu par des sœurs. Elle me demande immédiatement ma credencial, m’inscrit, me demande une participation financière (10 euros pour le logement et le petit déjeuner) et me montre les locaux : 1 dortoir de six lits, la douche, le sèche-linge, etc… Je me douche, fais une sieste, puis je vais faire les courses à Corbigny car il faut prévoir 2 repas pour demain (à Saint-Révérien il n’y a plus aucun commerce) et 1 repas pour le lendemain qui est dimanche.

A 18 heures, messe avec les sœurs. Sympa. Dîner dans une crêperie et à 21 heures au lit. Je suis seul dans ce dortoir.

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Vézelay

Sara arrive de sa garde de nuit vers 8h45. Marie et elle décident de prendre de quoi dormir le soir avec moi à Vézelay. Je ne sais pas si ça va être possible car j’ai réservé chez les sœurs Franciscaines. On verra bien.

Nous prenons notre voiture et c’est moi qui conduit car Sara a été de garde toute la nuit. Elle s’installe à l’arrière avec un oreiller et un duvet. A midi nous déjeunons dans une Pizzeria « très gaie » de Montbard. Vézelay n’est plus très loin et nous y arrivons avant l’ouverture du gîte. Cela nous permet de visiter la basilique et de boire un coup à la terrasse ensoleillée d’un café.

Au gîte, la personne veut bien nous donner une chambre pour trois au lieu du dortoir où j’avais réservé. SUPER ! Et le prix est modique : 21 euros plus les 3 euros d’adhésion à l’association.

A 18 heures, Marie et moi sommes allés aux Vêpres, suivies de la messe à la Basilique. Les frères et sœurs de la Fraternité Monastique de Jérusalem y sont assez nombreux. Bel office appuyé parfois par un organiste venu en famille. Sara est restée dehors à se faire dorer au soleil.

Dîner le soir dans un restaurant qui se nomme « la Coquille » comme il se doit et retour au gîte où nous branchons un radiateur électrique car il ne fait pas chaud.

Je n’ai pas beaucoup dormi cette nuit car j’appréhende ce départ et ce qui m’attend. Il y a beaucoup d’inconnu : suis-je  physiquement capable ? Vais-je  réussir à vivre au jour le jour ? C’est peut-être la question qui me taraude le plus : si je l’avais fait en vélo, j’aurais pu « gérer », être plus maître de la situation. A pied, j’ai l’impression d’être à la merci des évènements et de ne pas pouvoir avoir prise sur eux. Cela m’angoisse beaucoup. Et puis il y a toutes ces premières étapes à plus de 30 km par jour !

 

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Bénédiction du pèlerin

Marie et moi sommes allés à la messe au couvent des Dominicains car nous avons rendez-vous avec Frère Gilles qui doit me donner la bénédiction du pélerin qui m’enverra pour de bon sur la route de Saint-Jacques.

Après la messe en effet, Frère Gilles nous fait signe. Nous nous sommes retrouvés tous les trois au pied de Notre Dame du Chêne et Gilles a dit pour chacun de nous une prière. Je ne saurai redire ce qu’il a dit mais c’était très beau et émouvant aussi bien pour celui qui part que pour celle qui reste. A la suite de quoi, il nous a bénis.

Le reste de la journée a été consacré au sac à dos. Le premier chargement a donné onze  kilos… c’était trop. J’ai retiré un tee shirt, un short que je venais d’acheter. Marie s’est mise à tout peser : changement de savon de Marseille, les espadrilles à la place des sandales, etc… au bout du compte, le sac pèse neuf kilos. Il faut compter en plus l’eau et la nourriture, sans doute douze kilos, ça devrait aller.

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Important changement

Finalement, je change de moyen de locomotion pour mon pèlerinage !

J’avais, ancrée en moi, la conviction que la vraie manière de faire un pèlerinage c’est de le faire à pied, mais je ne pouvais m’y résoudre : trop d’incertitudes quant à la logistique (hébergements et repas) me poussaient à utiliser le vélo qui donne une vraie liberté. Plusieurs événements m’ont poussé à revenir sur cette décision :

  • Alain Michenon, le vélociste, n’a pas réussi à trouver les développements qui auraient été nécessaires pour mon entreprise ; mon vélo étant trop vieux les normes ont changé entre temps,
  • Christophe au téléphone, me rappelle en apprenant mon projet qu' »on ne prie bien qu’avec les pieds »,
  • La credencial (carnet de route du pèlerin) que j’avais demandée en spécifiant « à vélo » est arrivée avec la mention « à pied » !

A Paris, j’ai acheté une paire de chaussures dans laquelle je me sens très bien. Le vendeur du « Vieux Campeur » m’a assuré que c’était ce qu’il me fallait. J’ai acheté, sur les mêmes conseils, deux paires de socquettes qui présentent la particularité de ne pas être interchangeables : il y a celles de gauche et celles de droite. Ce sont des socquettes pour le « trekking ». Pour finir, j’ai acheté une pommade « Nok Akileine » dont on m’a dit le plus grand bien.

Il ne me reste plus qu’à finir mon entraînement en marchant avec le sac à dos chargé et à roder tout cet équipement ainsi que… mes pieds.

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Premier mois d’entraînement

Le mois de mars s’achève par un temps frais certes, mais magnifique. Cela n’a pas été souvent le cas. Bon entraînement donc à rouler par tous les temps. J’ai ainsi fait 937 km en réapprenant à pédaler, à manger et boire, à ménager mes efforts…

Aujourd’hui c’est vraiment le printemps et j’en profite pour tenter de rester un minimum de 6 heures sur le vélo. Pourquoi 6 heures ? Parce que mon projet est d’aller à Saint-Jacques de Compostelle au mois de mai en cyclo-camping, or cela représente 1800 km depuis Nancy. Il faudrait donc faire environ 90 km par jour ; à 15 km/h cela fait 6 heures. CQFD…

Eh bien j’ai réussi à faire 121 km en 6h26 malgré un vent du Nord-Est bien présent, et je suis très content.

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Le Seil brise-glace

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  Le film

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Les feuilles mortes

Novembre nous gratifie d’un temps gris et calme qui menace de s’éterniser. Heureusement, en fin de journée le soleil montre le bout de son nez et réchauffe les couleurs des feuilles d’automne. On se rappelle alors la chanson de Prévert et Kosma chantée par Yves Montand ou Mouloudji : « les feuilles mortes se ramassent à la pelle… »

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